Situons la scène : vous êtes devant votre ordinateur, vous êtes en passe de signer un incroyable contrat avec un partenaire étranger que vous courtisez depuis de longs mois. La victoire ne tient qu’à une signature. Seulement voilà : votre client veut que votre jeu d’éveil pour enfant soit disponible non seulement en anglais, mais aussi en français/espagnol/allemand/russe/hindi/mandarin (rayer les mentions inutiles). Vous recherchez donc un traducteur, qui fera un travail aussi léché que si vous l’aviez fait vous-même. Et vous pensez avoir trouvé la perle rare, puisque le traducteur vous présente des références apparemment dignes de confiance.

Mais comment être sûr que ce traducteur est vraiment bon si vous ne parlez pas la langue cible ?

Pour vous aider à bien choisir votre service de traduction, nous avons interrogé Valérie, linguiste traductrice et gestionnaire de projets multilingues depuis 20 ans. Voici quelques-uns de ses secrets pour s’assurer que, quelle que soit la langue, votre traduction sera fidèle à l’original, sans contresens, sans faute de syntaxe ou d’orthographe.

Le traducteur doit-il maîtriser parfaitement la langue source, pour être capable de bien traduire ?

Tout d’abord, il faut rappeler qu’un traducteur ne traduit QUE vers sa langue maternelle. Il est aussi indispensable qu’il maîtrise parfaitement les langues de travail.

La traduction commence par la compréhension non seulement du texte source (également appelé texte de départ), mais également de la langue et de la culture de départ dans sa globalité, puis par la restitution d’un texte dans sa propre langue, que l’on appelle langue cible ou langue d’arrivée. Sans connaissance fine de la langue source, il est difficile de rendre toutes les subtilités dans la langue cible.

Toutefois, être bilingue ne fait pas le traducteur, il est impératif d’avoir d’excellentes qualités rédactionnelles dans sa propre langue, une maîtrise parfaite de la grammaire et syntaxe, ce que tous les locuteurs bilingues ne possèdent pas forcément. Un bon traducteur français, par exemple, c’est une personne qui voue un culte à Saint Bescherelle et dont le livre de chevet est évidemment THE Grévisse. Un bon traducteur, c’est donc également un bon rédacteur, qui reste à l’affût des expressions idiomatiques, des effets stylistiques, et sait repérer les tendances qui feront la différence dans votre communication, la rendra efficace, pertinente et ciblée.

Un traducteur peut-il traduire tous types de textes ?

Iriez-vous voir un ophtalmologue pour soigner un cor aux pieds ? De la même manière, même s’il existe des traducteurs « généralistes », il est faux de croire que les traducteurs peuvent tout traduire. Les traducteurs ont une ou plusieurs spécialités ; ce sont des domaines dans lesquels ils excellent, ils parlent votre langue et surtout votre langue de spécialité. Certains ont été formés dans un domaine particulier ou même ont travaillé dans l’industrie dans laquelle ils se sont spécialisés. Ce sont ces domaines de spécialisation qui font toute la différence et qui seront le gage d’une traduction de qualité.

Comment vérifier la qualité du travail fini sans maîtriser la langue cible ?

La bonne méthode, c’est de faire appel à un linguiste référent dans la paire de langues désirée. Ce linguiste référent ne peut pas être la même personne que celle qui a traduit votre texte d’origine, il doit être extérieur au projet pour avoir un œil neuf et critique. Il connaît parfaitement les deux langues (langue de départ et langue d’arrivée) et il est aussi un spécialiste du domaine. Une fois le texte traduit, il prendra en charge la relecture et la correction, en s’assurant de la qualité du travail fini.

Le traducteur vous pose beaucoup de questions, est-ce normal ?

C’est un très bon signe ! L’inverse serait inquiétant. La traduction est un partenariat entre le traducteur et vous, le client. Lorsque vous enverrez votre texte au traducteur, il ne sera pas très familier du contexte. Notamment dans le cas d’une suite de mots à traduire, hors contexte et sans visuel, le traducteur aura forcément des questions. C’est là que vous, le client, avez un rôle important à jouer : plus vos réponses seront précises, illustrées, plus le travail final sera de qualité.

Imaginez : vous envoyez la liste de mots présents sur les cartes de votre jeu d’éveil au format Excel à votre traducteur anglais-français. Vous ne lui avez pas envoyé les visuels des cartes du jeu. Dans cette liste se trouve le mot « pen ». La traduction spontanée sera le mot « stylo ». Pas de bol : la carte représente un enclos, qui se dit également « pen » en anglais. Et voilà : par manque de contexte et parce qu’il manquait d’informations, le traducteur vient, sans le savoir, de mettre par terre votre fantastique jeu d’éveil…

Un conseil d’ami : pour que votre traducteur soit bon, vous devez, vous aussi, être un excellent donneur d’ordre. Plus vous vous impliquez dans votre projet de localisation, plus vous serez satisfait du résultat. Et n’oubliez pas, la traduction c’est aussi une question de contexte.

À bon entendeur…